lundi 18 mai 2015

Clint Eastwood et les "Ultras Fanatics" de Salé...


Le sniper qui a tué le plus d’Arabes n’est pas américain. Il est anglais. Voilà une information qu’on a l’obligation d’entendre ou de lire quelque part dans les médias aujourd’hui. Les défenseurs du droit à l’information vont peut être s’insurger contre moi si je qualifie cette information d’incongrue, de bête ou de stupide. A l’image des informations qui nous traquent au quotidien. Revenons à nos moutons. Oui il s’agit désormais de moutons. Je vais vous dire une chose, je n’ai pas choisi hâtivement d’introduire mes propos de cette manière. Car le sujet dont je vaudrais parler est l’histoire d’un sniper américain. L’histoire d’un marine, selon la fiction créée par le réalisateur Clint Eastwood (ancien cow-boy) «American Sniper», basée sur la vie de Chris Kyle, qui s’est  emporté lorsqu’il a vu les tours jumelles s’écrouler à la télévision et a juré de venger la vie des américains et de tuer les criminels.
Pour Clint Eastwood, les Iraquiens, tels qu’il les a présentés dans son film, sont tous des terroristes qu’ils soient femmes, enfants et hommes bien sûr ; sinon des collaborateurs qui courent derrière l’argent. Et oui, c’est malheureusement l’image que le film véhicule.
Hélas, Clint Eastwood parle des méchants qui s’attaquent aux Américains. Et puis du rôle de leur protection envers l’armée. La fameuse histoire du loup, de l’agneau et du chien berger (protecteur) trouve encore vie dans ce genre de fiction. La propagande américaine, elle aussi, s’est ossifiée, «nous» contre les «autres» méchants qui envient notre démocratie. Le bien contre le mal. Le même dixit du petit George W.Bush. Aussi simpliste que ridicule, cette triste image est ancrée dans les cerveaux d’un nombre considérable d’Américains et de nombreux citoyens de par le monde.  Malheureusement.
Clint Eastwood voulait aborder, peut être, la détresse psychologique de ces compatriotes retournés au bercail après avoir mené une guerre qui n’est pas la leur. Celle de leur entourage aussi. En revanche, il n’a pas pu déjouer les travers du terrain miné. Et puis il a fini par  tomber dans les clichés. J’aimerai bien poser cette question à monsieur Eastwood : le fait que le héros national se fasse descendre par un vétéran de la même guerre ne laisse-t-il pas dire qu’il y a quelque chose de malsain dans la motivation de ces gens-là ? La gloire et la célébrité auxquelles son assassin avait songé avant de commettre son acte déplorable y sont-elles pour quelque chose ?
J’attends avec grande impatience la suite où Clint Eastwood nous parlera du parcours de l’autre sniper jordanien, abattu par Chris Kyle et qui, contrairement à l’américain, court derrière l’argent. Voilà donc quelques questions qui peuvent éclairer le réalisateur et l’inspirer pour la suite : comment devient-on acteur dans une guerre qui n’est pas la notre ? Quelle est la motivation de ceux qui se trouvent de leur plein gré dans un pays dévasté  par la guerre ? Quel est le mérite de cette armée qui prétend amener la démocratie à un peuple qui ne la réclame même pas ?
Et que dire de la première scène de la femme tuée par une roquette qu’elle vient de confier à son fils, abattu dans un premier temps, devant la voiture blindée des marines ? Pourquoi a-t-elle donné la mort à son fils de cette façon-là ? La scène simpliste présentée par le réalisateur m’évoque les jeux vidéo mais bref ce n’est pas le lieu d’en parler. Autant de pistes à explorer pour le prochain épisode si le réalisateur cherche vraiment à montrer le visage d’une guerre où le peuple iraquien est pris en otage depuis 2003, sans parler de l’embargo,  de « la tempête du désert » et la guerre Irano-iraquienne.

Le coût en vies humaines du côté occidental est assumé froidement dans le film. Quant au prix payé par le camp adverse, qui est d’ailleurs plus catastrophique il n’est même pas dénoncé. Le consensus est tellement bétonné qu’on ne peut pas le transpercer que ce soit du coté des gouvernements ou de celui des médias. Et pour en finir, je ne vais pas parler de la qualité artistique du film, ni de la prestation des acteurs. Je laisse cette rude tâche aux spécialistes. J’ai toutefois remarqué que dans la scène où le sniper se demande s’il doit tirer ou pas sur l’enfant, on peut lire sur le mur « UF 09 » et sur un autre mur, au-dessus du cadavre d’un iraquien «Ultra Fanatics». Je ne pense pas que les spectateurs l’aient remarqué. Car Fanatics s’adapte bien à la situation d’un côté comme de l’autre à mon avis. Et si vous me demandez ce que cela veut dire : et bien, tout simplement, c’est que quasiment toutes les scènes ont été tournées au Maroc, à Salé plus précisément. Et le groupe de supporters de football Ultras de la ville se nomme les «Ultras Fanatics». Je ne sais pas s’il s’agit d’un choix délibéré du réalisateur ou  de son ignorance ?

Abderrahim Bourkia

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